Nous sommes allés visiter la plus grande favela (bidonville) d'amérique du sud, la favela Rocinha (300 000 habitants), située dans les hauteurs de Copacabana, en retrait (bien sûr !).
Cette favela a commencé à voir le jour dans les années 1930 lorsque les gens du Nordeste sont descendus chercher du travail à Rio : Copacabana se «bétonnait» !
Seulement, ces travailleurs n'avaient pas de logement, ils se sont donc fabriqués des habitats de fortune dans les hauteurs de Copacabana, taillant un petit bout de la forêt. Ainsi, ils habitaient près de leur lieu de travail. Mais lorsqu'on leur demandait leur adresse, ils répondaient : « Là-bas, près des favelas. ». Car les favelas sont avant tout des plantes...
Depuis, les habitants de Rocinha ont élaboré un système d'adresses en numérotant leurs rues. Le facteur se présente à l'entrée de la favela et dépose son énorme pile de courriers dans une grande boîte en bois. Les habitants se connaissant tous entre eux, relèvent leur courrier et celui de leurs voisins les plus proches au fur et à mesure... Car c'est impossible de s'y retrouver ! Les rues sont un grand labyrinthe dans lequel il est très facile de s'y perdre ! Ils ont essayé de faire un plan de la favela... mission impossible !
Luiza fut notre guide. Elle est née, a grandi, et vit toujours à Rocinha. Elle a été formée par Rejane Reis, gérante d'Exotic Tours (agence de tourisme qui emploie des résidents de la communauté), pour être guide (voir le lien dans notre rubrique le tourisme responsable). Elle nous a parlé sans retenue de la vie dans la favela. Elle ne souhaite jamais en partir, car elle a certains avantages à y vivre (elle met en avant le prix des loyers, l'absence de taxes et la vue imprenable sur la baie, le Christ rédompteur et le pain de sucre) ... mais ne vous y méprenez pas, c'est vraiment pas le cas de la majorité !
Seulement une infime minorité vit confortablement : les propriétaires de commerces. Ils se permettent même certaines folies (piscines intérieures, jaccuzis, home cinéma...) en plein coeur de la favela ! C'est l'effet tout bénèf !
En effet, Luiza nous a expliqué que les habitants des favelas ne paient pas de taxes, pas d'impôts, pas de téléphone, ni d'électricité ou d'internet (un habitant de Rocinha travaille chez l'équivalent de EDF et un autre chez l'équivalent de France Télécom... ils ont su brancher leurs lignes sur celles déjà en place...). C'est d'ailleurs impressionnant de voir ces paquets de fils... Le seul hic, c'est lorsqu'il y a coupure de tél ou d'électricité... impossible de retrouver la ligne en question !
Ils ne paient pas l'eau non plus, malheureusement parce qu'ils n'ont l'eau courante que 3 fois par semaine. La compagnie générale des eaux de Rio ne les a jamais alimenté, alors ils se sont servis et ont coupé des canalisations qui reliaient un quartier bourgeois... Bien évidement, la compagnie s'en ai rendu compte et après négociations a accepté de les alimenter en eau 3 fois par semaine. Mais si les hôtels ou quartiers riches voisins ont besoin de plus d'eau (notamment l'été), les habitants de Rocinha peuvent passer jusqu'à 3 semaines voire 1 mois sans eau... Pour palier à ce manque, ils possèdent tous sur le toit de leurs habitations des tanks pour récupérer l'eau des pluies. Mais cette dernière est trop polluée et ne peut être bue...
L'eau des pluies ne sert qu'à nettoyer les rues qui subissent le passage régulier des égouts ! Il n'y a pas d'évacuations des eaux usées... et lorsqu'il pleut beaucoup, les canalisations de fortunes débordent... et les rats envahissent la ville !! Le gouvernement a promis une action, mais je crois que c'est le cas à chaque période électorale...
Autre sujet un peu tabou qu'elle a évoqué avec nous : la sécurité. Il existe une police militaire qui vit dans la favela et qui est corrompue, donc sur laquelle les habitants ne comptent pas ; et une police civile, qui elle vit à l'extérieur de la favela, mais lorsque cette dernière se déplace c'est pour utiliser les armes et dans ces cas là tout le monde trinque... Du coup, les habitants de Rocinha se reposent sur leurs gangs. Lorsqu'ils se font voler quelque chose, ils vont voir le chef du gang qui leur restitue leur bien et sectionne un membre du coupable... apparemment très efficace ! Autre petit détail morbide : Rocinha n'a pas connu un seul viol en 20 ans. Les membres des gangs ont eux aussi des mères, des femmes, des soeurs qu'ils n'aimeraient pas voir souffrir, et comme la police ne bouge pas, ils font là aussi leur propre justice. Le dernier ayant tenté ce genre de crime a été décapité et sa tête a trôné sur la place publique, histoire de dissuader d'éventuels nouveaux adeptes du viol ! Et ça marche !
Nous nous sommes sentis en totale sécurité tout au long de notre visite. Nous devrions peut-être y réfléchir, car c'est en Afrique du sud et au Brésil (nos 2 destinations les plus à risques) que nous nous serons sentis le plus à l'aise jusqu'ici... serait ce par goût des prises de risques justement (tout à fait modérées quand même) ? Ou peut être parce que, malheureusement, c'est dans la plus grande des misères que l'homme est le plus humain ? Car la solidarité, l'entraide dans les bidonvilles est ÉNORME et VITALE ! Des grandes leçons de vie sont à prendre...
2 commentaires:
Blog toujours aussi enrichissant! c'est vraiment grandiose vu de chez nous alors ce que cela doit être de vos propres yeux!!!!!!Manue bravo car quelle ligne magnifique tu affiche!malgré ton petit air un peu fatigué. Et nos deux mecs, toujours aussi en formes,si c'est votre remède!alors à nous les grands voyages.sans déc!je vous envie et je me répète mais je découvre vachement de choses grâce à vous!Bisous
Bonjour !
Je confirme, par temps clair et nous avons eu cette chance on voit bien out Rio du Pain de sucre, nous pourrons vous fournir quelques photos maison. Félicitations pour la visite des Favelas, j'aurai bien aimé être avec vous
Bisous
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